SLAM 2012

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Who's Who Art interrnational

dimanche 22 août 2010

L'air écume

Comme l’écume des flots / Sous les écluses des cieux, /Sur d’informes pyramides / Par des traits capricieux.
Au milieu de mes sillons / Je brasse dans l’attente / Entouré de tourbillons / D’une charge pesante.
Sur des falaises vertigineuses, / Dans des discours rares, / Tes notes sont lumineuses / Face à mon trouble regard.
Au ventre du Monde, /Ecoutes / le tremblement des mots. / Au croissant de Lune, / Regardes / ces vibrations palpitantes.

© Xavier Maitre


Le crépuscule


Inscription

Mon âme est comme un ciel sans borne ; / Elle a des immensités mornes
Et d’innombrables soleils clairs ; / Aussi, malgré le mal, ma vie / De tant de diamants ravie / Se mire au ruisseau de mes vers.

Je dirai donc ces paroles / Mes visions qu’on croyait folles, / Ma réponse aux mondes lointains / Qui nous adressaient leurs messages, / Eclairs incompris de nos sages / Et qui, lassés, se sont éteints.

Dans ma recherche coutumière, / Tous les secrets de la lumière, / Tous mystères du cerveau, / J’ai tout fouillé, j’ai su tout dire, / Faire pleurer et faire rire / Et montrer le monde nouveau.

J’ai voulu que les tons, la grâce, / Tout ce que reflète une glace, / L’ivresse d’un bal d’opéra, / Les soirs de rubis, l’ombre verte / Se fixent inerte. / Je l’ai voulu, cela sera.

Comme les traits dans les camées, /J’ai voulu que les voix aimées
Soient un bien qu’on garde à jamais / Et puissent répéter le rêve
Musical de l’heure trop brève ; / Le temps veut fuir, je le soumets.

Et les hommes, sans ironie / Diront que j’avais du génie / Et dans les siècles apaisés, / Les femmes diront que mes lèvres, / Malgré les luttes et les fièvres, / Savaient les suprêmes baisers.


Charles Cros



Les rochers dans les nues

«Ah mon ami, quelles sublimes matinées on voit dans ces montagnes ! quelle couleur ! quoiqu’elle ne soit pas Italique ! les formes âpres des rochers élancés dans les nues, qu’ils surpassent quelquefois, me plaisent peu, aussi je ne m’attache point à les saisir, mais ces beaux coteaux couronnés de chênes et de noyers superbes me transportent, et les montagnes qui leur servent de fond, en en adoucissant les formes, ont quelque chose de si majestueux que la tête m’en tourne. »

Pierre-Louis De la Rive (1753-1817)

Le Chemin



N’allez pas là où le chemin peut mener. Allez là où il n’y a pas de chemin et laissez une trace.

Ralph Waldo Emerson


Je n’ai jamais vu le monde comme un endroit où l’on pouvait s’installer avec confiance et chercher la sécurité et le confort. Je vois la vie comme une expérience aléatoire et la seule chose qui me semble importante est d’essayer de fixer ces sensations transitoires.

John Christoforou

Ainsi font les fonds marins



« Je ne souhaite pas voir des paysages, c’est-à-dire une manière de peindre les paysages qui en fait des décors, parce que je ne souhaite pas voir les réalités originelle – en tant qu’effets optiques. Je souhaite voir les réalités plus profondes qui sous-tendent le décor, l’expression de ce que l’on appelle parfois des imaginations abstraites (abstract imaginings). Ce qui est simplement naturel n’a plus d’intérêt. Pour susciter mon intérêt, il me faut aujourd’hui la façon de peindre folle, tant décriée, du dernier Turner ».

Thomas Hardy, cité par Florence Emily Hardy dans The Family of Thomas Hardy

Ou, autrement dit : mettre la nature en scène non comme une Beauté, mais comme un Mystère.

L'effet mer



Notre vie est semblable à la mer vagabonde,
Où le flot suit le flot, et l’onde pousse l’onde,
Surgissant à la fin au havre de la mort.

Chassignet, Le Mépris de la vie et Consolation contre la mort, 1594

Le bateau abandonné


Un petit bateau quitta sa mer pour aller se promener tout seul comme un grand.
On vient de le retrouver noyé dans un ruisseau du Père Lachaise.
Il n’avait plus rien sur lui…
On l ‘avait dévalisé.
(Maigret suppose qu’il a été assassiné).
Petits enfants n’abandonnez jamais votre mère.


Jules Mougin & Robert Morel, 1960